C’est long, une semaine au Maroc

Suis rentrée depuis trois jours, et je n’ai toujours rien posté.

J’en aurais des trucs à raconter, pourtant, j’ai même des brouillons de notes un peu partout.

J’en avais commencé une qui s’appelait Dix raisons de ne pas aller au Maroc, et pourtant, c’était pas vraiment contre le Maroc que j’en avais.

C’était plutôt contre les voyages organisés, contre les visites préparées avec le petit côté Regardez-le-Tiers-Monde tellement exotique, contre cet hôtel de luxe dans lequel il n’y avait que des Français et des Allemands et qui débordait de bouffe, de petits savons parfumés et de serviettes personnalisées pour aller à la piscine.

C’était plutôt contre cette manie des négociations, ces types qui te harcèlent pour que tu entres dans les magasins, alors que je suis en vacances bordel, tout ce que je veux c’est ne pas parler, ce que je veux, c’est qu’on me foute la paix. Même le serveur qui me demande comme les quarante-sept autres serveurs avant lui si je viens de Paris, je me fiche qu’il essaie d’être gentil. Je veux du silence.

C’était aussi et surtout contre les soixante-douze connards qui m’arrêtent dans la rue pour savoir si je veux pas discuter un peu (non), prendre un café (non), un thé alors (toujours pas), et dans le pire des cas, combien je prends. Moi rien, mais toi, continue un peu et il y a moyen que tu dégustes.

On m’a expliqué, avec des mots choisis délicatement, que c’était simplement dû à la différence entre la situation de la femme marocaine et de l’occidentale. Je ne développerai pas ici la situation des Marocaines, je ne connais pas assez bien le sujet.

Mais être prise pour une pute, juste à cause de la comparaison, ça fait trouver le temps long.

Ça donne envie de partir simplement avec un sac sur le dos, quelque part plus au Nord, et de voir où mène la route.

Je présente mes excuses aux Marocains qui me lisent et à MHyde, notamment.

C’est pas contre le Maroc que j’en ai, c’est contre ce Maroc qu’on m’a montré, qui n’existe pas, qui est fait pour les touristes, un pays de pacotille.

J’avais des choses à dire, et je n’arrivais pas à poster.

La peur de choquer, peut-être, de faire des jugements à l’emporte-pièce, alors que c’est mon blog ici bordel.

Et puis je me suis dit que si je n’arrivais pas à poster, c’était que ce n’était pas vraiment de ça dont j’avais envie de parler.

Alors, j’ai voulu commencer une autre note, quelque chose du genre : Dix bonnes raisons de ne pas aller au Maroc en famille.

J’en ai pas écrit une ligne.

J’en avais long à dire pourtant.

Quand je suis rentrée, j’ai eu Rrose au téléphone. Il m’a demandé comment c’était, et tout ce que j’ai trouvé à lui répondre, c’est : « C’était long ».

Un Noël d’une semaine coincée en famille, une semaine ponctuée de mails pas franchement sympas, auxquels on ne comprend rien, de gens qu’on sait qu’on ne verra plus.

Ce genre de messages me fait un effet bizarre. J’ai beau le prendre avec du recul, me dire, bon, franchement, là, je crois pas que je sois en tort, ça n’empêche, ça me tétanise complètement.

Ça me rend incapable d’exprimer une idée, d’émettre un point de vue. Comme si je n’y avais plus droit.

Je peux dire ce que je veux, dire que je le prends avec philosophie, tout ce que je retiens, c’est que je suis une grosse conne qui passe son temps à blesser ses proches sans le faire exprès.

Ça prend quand même quelques jours pour se remettre en selle.

Et puis, j’ai commencé mon tour des blogs post-vacances, et je suis tombée sur la note de BB-danger. Le début surtout.

Je me suis dit que finalement, on avait eu à peu près le même Noël.

On peut se sentir très très seul en famille.

Et on peut trouver le temps long.

On peut s’en vouloir à mort parce qu’on est dans un pays étranger, parce qu’il y a sans doute plein de choses à voir, à visiter, sur lesquelles s’enthousiasmer.

Parce que l’on sait bien que le voyage est hors de prix, parce qu’on compte les secondes avant le retour, parce qu’on était toute excitée dans l’avion – mais celui pour Paris – alors que les autres disaient « Oh la la, qu’est-ce que c’est passé vite », et qu’on a répondu d’un sourire un peu gêné.

Parce qu’on jubilait en les laissant sur le parking de l’aéroport pour rejoindre le RER B.

Parce qu’ils ont fait de leur mieux, parce qu’ils étaient heureux qu’on soit tous réunis, que ça n’arrivera sans doute plus maintenant des Noëls tous les six, parce qu’ils nous ont fait passer les fêtes par 25 degrés à l’ombre, et que ça n’est pas donné à tout le monde.

Mais c’est comme ça, va bien falloir l’assumer un jour.

J’adore mes parents, et je sais qu’ils m’aiment, mais je ne supporte pas de passer plus d’un repas avec eux, vraiment.

Ça me rend malade de les voir faire tout ce pour quoi ils m’ont emmerdé quand j’étais gosse, tous les petits trucs à la con pour lesquels on se fait taper sur les doigts.

Les fautes de français, par exemple. Moi, j’aurais jamais pu finir une phrase avec une faute dedans. Je peux toujours pas d’ailleurs.

Mais quand on toussote parce qu’ils ont dit « vous disez », on a l’impression qu’on vient de passer les limites, et que l’on est en train de déclencher une guerre nucléaire.

Couper la parole, aussi. Si je coupe la parole, c’est un manque de respect. Si ils coupent la parole, c’est parce que c’est comme ça que fonctionne une conversation de groupe. Ah d’accord.

Si je comprends bien, c’est le genre de conversation de groupe dans laquelle il faut surtout que je me taise.

Et puis, il y a certains jugements, certaines phrases que je ne supporte plus. Je ne les citerais pas ici, je les respecte trop pour ça.

Ils pensent ce qu’ils veulent, va, ils sont grands. Ce qui est rageant, c’est de ne pas pouvoir en parler, ne pas pouvoir dire qu’on est pas d’accord.

Enfin si, on peut le dire, mais on gâche le dîner et on a forcément tort.

Alors, on se tait. On enfonce les ongles dans la nappe, on regarde l’horloge, on pense à ce qu’ils sont en train de faire en France à cette heure-là, et on se tait.

C’est ça. C’est cette impression d’être inférieure, d’avoir tort de toute façon, de ne pas avoir sa place, de ne pas exister.

L’impression d’être niée.

Ça fait tout bizarre de l’écrire comme ça, noir sur blanc.

Et puis, je sais que c’est pas leur but, ça va, c’est pas la peine de me le rappeler.

Mais un exemple.

Le lundi avant Noël, un message sur mon répondeur.

C’est le responsable d’une librairie qui m’appelle.

Mon cœur fait un bon. Je ne me sens plus de joie, je me dis, je vais le rappeler tout de suite, c’est trop cool, quelqu’un a aimé mon CV, mon avenir n’est peut-être pas si bouché que ça, elle me plaît, cette librairie, putain.

Mon père me lance un regard. Pas un regard froid, un regard pire. Un regard qui veut dire : « Là, c’est l’heure de passer à table. Tu n’as vraiment aucun respect pour les autres, tu passeras ton coup de fil plus tard. »

Dans ces cas-là on file droit.

Je passe le repas au taquet.

Je calcule l’heure précise à laquelle il faudra que je le rappelle, en tenant compte du décalage horaire.

Je prépare ce que je vais lui dire.

Je flippe un peu parce que le message sur mon répondeur s’est effacé tout seul, que je n’ai pas eu le temps de noter le numéro, que je n’ai pas bien entendu le nom du mec, qu’il va falloir que j’appelle les renseignements, et que ça promet d’être simple, ça, tiens, depuis Agadir.

Mon père me surveille du regard. J’essaie de participer à la conversation, mes genoux tremblent.

On y arrive, finalement.

Je passe un quart d’heure à patienter sur un standard. C’est pas grave, c’est pas comme si j’appelais depuis le Maroc et que j’étais déjà à découvert.

J’arrive à joindre le type, enfin.

Ça faisait longtemps que je n’avais pas entendu une voix agressive comme ça.

  • Bonjour monsieur, LBA à l’appareil [bla, bla, bla]…
  • Bon très bien, je vous propose un rendez-vous demain.
  • Ce serait volontiers, mais je suis en déplacement en ce moment.
  • En déplacement ? Quoi, en déplacement ?
  • Ben, en déplacement.
  • Bon, quand est-ce que vous êtes disponible, alors ?
  • Le 27 n’importe quand dans la journée.
  • Le 27 je peux pas. Le 28, 11 heures.
  • Le 28 je ne peux qu’à l’heure du repas.
  • Comment ça à l’heure du repas ?
  • Ben, comme c’est écrit sur mon CV je suis encore en CDD. J’ai des obligations vis-à-vis de mon employeur actuel.
  • En CDD ? Mais ça va pas aller, moi il me faut quelqu’un début janvier.
  • Mais je peux très bien m’arranger avec mon employeur.
  • Non, non, non, il me faut quelqu’un début janvier.
  • Je peux très bien m’arranger avec mon employeur.
  • Non, il me faut quelqu’un début janvier.

Fin de la conversation. Je raccroche un peu stressée. Non, franchement énervée.

Quelle idée de partir en vacances après avoir envoyé des CVs aussi. J’y avais pas droit alors, à cette semaine de pause ?

J’ai besoin de parler à quelqu’un. Je sais que je ne peux pas, qu’on va me faire comprendre que je gâche les vacances de la famille et que je ne pense qu’à moi.

Je me tais. Je suis les autres à Marrakech.

C’est fatigant d’avoir peur de leur réaction tout le temps.

Fatigant de craindre mon père.

Fatigant de soutenir le sourire un peu condescendant de ma mère.

J’ai envie de rentrer.

Comme j’avais besoin de montrer que je suis une grande fille, j’ai parlé de Pierre.

J’avais le cœur qui battait tellement fort qu’on pouvait suivre ses mouvements à travers le T-shirt. Je savais pas que c’était possible.

Ma mère m’a répondu « C’est ta vie », et mon père a dit « Alors comme ça tu as des projets ? »

J’ai dit oui, en sachant très bien que ce n’était pas vrai. On a pas la même définition du mot « projet », tous les deux.

Voilà, je l’ai écrit. J’ai fait ma petite crise d’ado à deux balles. J’ai écrit ce que je n’ai pas le droit de penser et j’en suis désolée.

J’essaierais de plus le faire.

Je demande que ça, moi, de rentrer enfin dans le droit chemin.

Mais j’ai fini par m’asseoir dans le RER B.

Par retrouver Nico et AnotherDay à la maison.

Qu’est-ce que ça fait du bien putain.

Est-ce que c’est normal de se sentir plus en famille avec eux ? Avec des mecs que je ne connais pas depuis six mois ?

J’ai bu tout ce que j’ai pu, parlé tant que j’ai pu – ils ont vraiment du mérite – et je suis plus ou moins tombée dans les pommes.

Je me suis réveillée dans mon lit, enfin, dans celui de Pierre.

Ils m’avaient porté jusqu’à la chambre pour que je puisse dormir à l’aise.

Ça allait mieux.

Je ne sais pas trop que retenir de tout ça.

Ah, si.

Que des vacances sans Pierre, ça n’a aucun intérêt.

Courage, s’il ne s’est pas enfui avec la crémière, on se retrouve dans deux jours.

H-10

Je fais dans les notes originales en ce moment. Après la note super courte, voici en exclusivité, ici, pour vous : la note de bonne humeur.

Attention, c’est rare, profitez-en.

J’en reviens pas : je suis toute émoustillée, j’ai envie de sauter partout, de faire des bisous à mes collègues. Même à l’autre connard au bout du couloir[1].

Encore un jour et demi, encore 11 heures de boulot, encore 660 minutes, encore 39600 secondes, et je suis en vacances.

Une semaine sans Big-Boss.

Une semaine sans logiciel.

Une semaine sans version 37, sans version 42, une semaine sans version du tout.

Le pied.

Comme quoi, le bonheur se joue à peu de choses. Être bien entourée, par exemple, ça aide.

Aujourd’hui, devant toi, public, je tiens à remercier Pierre et mon papa pour leur chantage affectif acharné.

Je m’explique. Parmi les quelques toutes petites névroses que je traîne, il y en a une qui fait que j’ai absolument besoin qu’on m’aime.

Vu comme ça, je sais, c’est pas très original. On va reformuler et dire, par exemple, que je me passerais plus facilement de despés ou de cigarettes.

Et ça a un effet secondaire un petit peu gênant. Je vous laisse juger par vous-même : je suis parfaitement incapable de demander un jour de congé.

Mais faut me comprendre. J’ai peur de faire de la peine à mon patron. Peur qu’il m’aime moins. Peur qu’il ait besoin de moi.

…Et c’est là que je m’aperçois que ces dernières semaines m’ont fait le plus grand bien.

Big-Boss, besoin de moi ? Ah, la bonne blague !

Une fois qu’on a intégré ce raisonnement, je ne vous raconte pas ce que ça détend.

Un exemple. Ce matin, j’étais en train de lui présenter la version 372 d’un document tout à fait vide d’intérêt.

Avec les quinze millions de changements du mois de décembre, le texte ne correspondait même pas aux captures d’écran.

Ça a pas eu l’air de le choquer plus que ça.

Il est parti comme d’habitude dans un délire incompréhensible. À revenir en arrière, à partir sur les côtés, à s’évaporer dans des sphères supérieures.

Je le regardais en souriant, je le trouvais mignon, je le plaignais un peu et j’attendais qu’il finisse[2].

Et puis je me suis aperçue qu’il s’était mis à me parler complètement d’autre chose. Qu’il me présentait une idée, lumineuse comme toujours, mais concernant une version qui n’existera certainement pas avant avril, puisque bizarrement, coder c’est toujours nettement plus long que de produire des idées.

Et moi en avril, mon chou, je serai plus là.

Je serais au chômage, je serai retournée chez mes parents, je serai nonne, je serai tout ce qu’on voudra, mais je ne serai plus là.

Il était lancé. Plus moyen de l’arrêter. Pas moyen de sortir.

Alors j’ai fait ce que j’avais envie de faire depuis un quart d’heure, ce que l’on fait quand les problèmes vous passent loin au-dessus, quand on a plus rien à perdre. J’ai fait ce que l’on fait dans les pubs pour le loto.

J’ai éclaté de rire.

Quand je vous dis que ça va mieux !

Bref. Au moment de poser mes jours de congé, c’était pas encore la même chanson.

À l’idée d’aller voir Big-Boss numéro 2 et de lui demander s’il-te-plaît pardon, est-ce que je pourrais rentrer chez moi le soir de Noël, j’avais le sang qui coagulait.

C’est ici qu’entrent en scène les hommes de ma vie.

Chacun à leur façon, ils m’ont mis un sévère coup de pied au cul, une épée de Damoclès au-dessus de la tête, un couteau sous la gorge.

C’est mon père qui a commencé. Il y a quelques mois, il m’appelle au bureau.

  • Coucou, LBA, qu’il me dit. Je me demandais, comme ça, ça te dit de passer Noël au Maroc en famille ? Bon, évidemment, t’es pas forcée, hein, si tu ne veux pas, on comprendra très bien.

Et de me parler de mon frère qui va nous rejoindre depuis Londres et qui a déjà pris ses billets. Et de mon autre frère qui nous attend à Agadir et qui est en train de tout préparer. Et de ma sœur qui saute à pieds joints partout dans la maison, tellement elle est contente de passer les vacances avec moi. Et de ma mère, à laquelle ça fait tellement plaisir de retrouver enfin ses quatre enfants d’un coup.

Mais si tu veux pas venir, hein, je te force pas, bien sûr. Je suis sûr que ta mère comprendra.

Et de continuer, de parler shopping dans les souks, de Noël par trente degrés à l’ombre, des filles seins nus à la piscine de l’hôtel, de mosquées magnifiques, des couleurs du désert, d’une famille unie couleur sépia qui sourit devant un palmier enguirlandé.

Moi, j’aime bien les pays froids. D’ailleurs, j’ai décrété unilatéralement que le plus beau pays du monde, c’est l’Écosse.

J’ai un peu peur d’une semaine type club Med.

Je préfèrerais mettre une burka qu’un maillot de bain.

Je me demande si je peux survivre une semaine avec mes parents préférés.

Je pèse tous les éléments en présence, et je réponds ce que j’ai à peu près toujours répondu à mon père. J’attends qu’il se taise et je dis :

  • Oui Papa.
  • Super. J’ai pris les billets. On décolle le 17, on atterrit le 26. Tu poses tes jours ?

Mon père a un art tout particulier pour déguiser ses ordres à grand renfort de points d’interrogation. J’admire.

À ceux qui se demandaient qui je choisis entre mon père et mon patron, je peux maintenant répondre, forte de ma belle expérience toute neuve : entre les deux, c’est mon père qui gagne.

Et j’ai posé ma semaine.

J’ai passé quelques jours à me remettre doucement de mes émotions, et c’est Pierre qui est monté au créneau.

  • LBA, qu’il a dit, mes parents demandent si tu veux passer le Nouvel An chez eux. Il y aura de la vraie neige, des vraies montagnes, des vrais oncles et tantes, et un super sapin bien de chez nous. Ça te tente ? Si tu veux pas, tu me le dis, hein.

Pierre a un avantage sur mon père. Lui, il ne me parle pas au téléphone. Il est devant moi.

À son regard au moment de dire « Si tu veux pas, tu me le dis, hein », j’ai su que si je refusais, je foutais sa vie en l’air.

  • D’accord, j’ai répondu. Faut vérifier quand même quel soir c’est le Nouvel An, parce que si c’est en semaine… Tu crois que je peux faire l’aller-retour en train dans la nuit ?
  • C’est un week-end, j’ai vérifié. Et puis, je les ai déjà prévenus que tu posais le 2 janvier, pour rester un jour de plus.
  • Ah bon. D’accord.

Et j’ai réussi cet exploit : j’ai rempli deux feuilles roses dans la même semaine.

Je suis allée voir Big-Boss numéro 2 deux fois, avec mon bout de papier tremblotant dans ma main, pour quémander une signature.

Je suis vraiment en train de devenir une grande fille.

Plus que dix heures, et je suis en vacances.

Plus que 600 minutes.

Plus que 36000 secondes.

Je crois que je vais jouir.

Pour être tout à fait heureuse, c’est pas compliqué, il ne me manque plus qu’une seule chose. Il faut simplement que le petit Papa Noël descende du ciel et dépose dans mes souliers un boulot passionnant et bien payé.

Je crois que ça n’est pas vraiment gagné.


[1]             Non, pas Big-Boss, un autre. Ils sont plusieurs connards, figurez-vous. Mais après enquête, tous avec un lien de parenté.

[2]           Je reformule : j’espérais qu’il allait finir avant le début de mes vacances.

              Promis, c’est ma dernière note de bas de page. Pour aujourd’hui.

Faut pas forcer la Nature

Quand j’étais petite, même s’il y avait quatre mètres et demi de neige devant la porte de la maison, même s’il y avait des émeutes, que la France était coupée en deux, que les profs étaient en grève et que j’avais un cancer en phase terminale, il fallait que j’aille à l’école.

Je pouvais pas y couper.

J’ai tout tenté, et j’ai réussi une fois : j’avais traîné une appendicite pendant trois ans et on s’en est aperçu un beau matin. On s’en est aperçu quand elle s’est transformée en péritonite aigüe, la fourbe.

Ce jour-là, j’ai remplacé le cours d’histoire par une séance sur le billard, et je ne suis pas sûre d’avoir gagné au change.

De cette histoire de péritonite, de ces trois ans de mal de ventre, de ces trois ans à finir aux urgences régulièrement, de ces trois ans où l’on m’a diagnostiqué tous les cancers du monde, j’ai retenu une chose : plutôt mourir que d’aller chez le médecin.

Le médecin, c’est mal.

On y va parce qu’on est malade (ou alors, on est con).

On lui décrit la douleur, il prend un air inspiré, il nous parle de nous d’un air un peu paternaliste, parce qu’il comprend les jeunes, lui.

Il nous prescrit plein d’examens auxquels on ne comprend rien, et qui vont encore coûter la moitié du PIB des Émirats Arabes Unis, il nous dit que c’est peut-être une grossesse extra-utérine, mais qu’il ne faut pas s’inquiéter, il noircit une feuille de noms de médicaments que je ne prendrais pas de toute façon, il demande si je préfère le Gorioxnomyl ou Daronymaze, et il ne m’entend pas quand je lui réponds que je m’en tamponne.

Il me raccompagne à la porte en me tenant la main d’un air compatissant, insiste pour que je le tienne rapidement informé des résultats, me dit à bientôt une larme au bord de l’œil.

Je me retrouve sur le palier. Il m’aurait presque fait flipper, le con.

Du coup, je me suis fait avoir deux ou trois fois. Je me suis lancée dans le marathon scanner / échographie / piqûre / analyses diverses.

Au laboratoire, je sélectionne sur la playlist du médecin (certains appellent ça une ordonnance) les deux ou trois examens qui me reviendront le moins cher.

Deux jours après, je reçois un coup de fil : c’est mon médecin adoré qui m’explique que tout va bien. J’ai juste atrocement mal au ventre, mais je ne suis pas enceinte, je n’ai pas de cancer, et je serais certainement ravie d’apprendre qu’il y a trois mois, je n’avais pas le sida.

Dans ces cas-là, je soupire, je prends mon mal en patience et je prends un Spasfon.

Je ne rigole pas, c’est ce qui m’arrive à chaque fois.

Alors forcément, mardi soir, quand j’ai eu l’impression que la partie gauche de ma colonne vertébrale venait de se superposer avec la partie droite, j’ai gémit, pleuré, hurlé, mordu mon oreiller, mordu Pierre quand il passait par là, mais non, non, s’il-vous-plaît, tout, mais pas le médecin.

Pierre a insisté comme il a pu pendant dix minutes, et puis il a lâché l’affaire. Comme il avait commis l’erreur suprême de me faire un massage quelques heures auparavant, je le soupçonne de s’être senti responsable, et d’avoir eu peur qu’un médecin découvre que c’était lui qui m’avait rendue paraplégique.

Il y a des moments où on a pas forcément envie de savoir la vérité.

J’ai repensé à ma Môman et à ce qu’elle aurait fait dans ce cas-là.

J’ai pensé à mon Big-Boss et à ce qu’il penserait si je me débinais à cause d’une vague histoire de vertèbres.

Alors, j’ai passé une nuit blanche, tout l’appart’ aussi puisque je criais, et puis j’ai pris ma respiration, je me suis levée [compter une bonne demi-heure rien que pour se redresser] et je suis allée bosser.

J’ai passé la journée avec l’impression d’être Dark Vador. Je devais bouger tout le buste pour pouvoir regarder sur le côté, j’avais la voix poussive de celui qui va mourir bientôt dans d’atroces souffrances, mais ce n’est pas grave, je l’ai fait pour la patrie, sois heureuse, occupe toi de Junior et dis-lui que je l’aimais.

Alors, j’avoue, le soir en sortant du bureau, j’ai craqué.

J’ai pris RDV chez le chiro. J’ai fait du chantage affectif à Pierre pour qu’il m’accompagne. Il n’y a même plus moyen que j’aille chez le médecin seule, ça me porte malheur. Je suis sûre qu’il a été ravi de patienter une heure et demie pendant que je me faisais arracher les omoplates.

Un rendez-vous chez le chiropracteur, ça se passe en deux parties.

D’abord, il faut qu’il remplisse ses fiches.

Il vous pose plein de questions sur vos cancers, vos dépressions, et la durée de vos règles.

Je lui ai demandé si ça le choquait que je m’allonge à côté de la chaise pendant qu’il me parlait.

  • Je voudrais pas être malpolie, j’ai dit. Mais là, je souffre un peu la mort.

Bref, j’ai passé une demi-heure à me rouler sur le sol, à chercher la position la plus vivable, et à lui répondre par des grognements.

Et puis on est passés aux choses sérieuses. Je vous passe les détails. Ça a été atroce. Il m’a fait craquer des machins, je ne savais même pas que ça existait.

En fait, ça a été une expérience tellement traumatisante que plus jamais personne ne pourra me toucher.

Ce que j’ai surtout retenu, ça a été la réaction du médecin pendant les deux premières minutes, quand il a commencé à me palper le dos.

Il a dit :

  • Ah ouais, quand même. Vous n’y êtes pas allée avec le dos de la cuiller…
  • Boh, j’ai rien fait, moi, ça c’est coincé tout seul.
  • Mais si, enfin, c’est le stress qui fait ça. C’est votre corps qui parle et que vous ne voulez pas écouter. Vous avez quelque chose qui vous pèse. Vu l’état de votre dos, je dirais plutôt que vous en avez plusieurs. Vous voulez résister, vous refoulez, et votre dos vous rappelle à la réalité.
  • Aïe. Vous me faites mal, là.
  • Vous voyez ? J’avais raison.

Révélation.

Pendant qu’il continuait à me démonter la colonne vertébrale, j’ai commencé à réfléchir. À méditer, même.

Fin de la séance.

On va manger un morceau et on rentre en métro.

Je pense tout haut, et coup de bol, Pierre m’écoute.

Je finis par dire :

  • Tu sais, peut-être que je suis pas si en forme que ça, en fait.

Ses yeux sortent de ses orbites : je viens d’inventer l’eau chaude.

Il soupire :

  • LBA, ma chérie. Tu t’es mise à pleurer sans raison trois fois cette semaine. Dont une fois en te réveillant dimanche matin.

Argh. Pierre, one point.

Mais je vais pas me laisser avoir comme ça.

  • Oui, oui, je sais, mais bon, c’est la fatigue, je sais même pas pourquoi je pleurais, alors, je vais pas en faire une montagne. Et puis je n’ai aucune raison d’être malheureuse d’abord. Je suis très heureuse. De toute façon, recommencer une dépression, c’est pas une option. Donc : ça va passer. Je vais me reprendre en mains, et ça va passer.
  • Ton boss t’a torturée pendant deux semaines. Tu flippes à mort pour ces histoires de boulot en février. Tu n’arrives pas à parler à tes parents alors que tu as des choses très importantes à leur dire. Tu as peur qu’ils ne te comprennent pas et qu’ils te rejettent. Du coup, tu as absolument besoin d’un boulot, pour au moins ne pas être dépendante d’eux financièrement. C’est le serpent qui se mord la queue. Tu te demandes comment font les gens normaux pour gérer leur budget. Et moi en ce moment, je rentre, je suis fatigué, un peu tendu… T’as quand même connu des jours meilleurs.
  • Mais il y a plein de gens qui ont un patron chiant. Il y a plein de gens qui ne parlent pas avec leurs parents. Et ils n’en font pas tout un fromage. Ils n’emmerdent pas leur monde avec ça. Ils ne se coincent pas le dos juste pour attirer l’attention.
  • Ben si, justement, et c’est normal. Toi, dès qu’il se passe quelque chose, tu prends sur toi. Respire, putain. Tout n’est pas de ta faute !

N’en jetez plus.

D’accord.

Je vais prendre le problème différemment.

On va dire que j’ai le droit de me planter si je veux d’abord. Si je me plante, je serais peut-être une grosse bouse incapable, mais une grosse bouse incapable avec un Pierre rien que pour elle.

On va dire que je vais commencer par dormir et me reposer (plus jamais sur le côté gauche, plus jamais), prendre des bains avec du jazz.

Et puis doucement, je vais m’attaquer aux problèmes un par un, dans le calme, la joie et la bonne humeur.

Ne pas oublier que si je me plante, c’est pas de ma faute, c’est pas de ma faute.

Et puis merde, j’ai déjà fait des progrès : je suis allée chez un médecin.

C’était mon exploit du mois. En plus, j’ai fait deux fois les urgences le week-end dernier.

J’y retourne plus pendant dix ans, c’est officiel.

Une fois que j’aurais passé le rendez-vous de vendredi midi, parce que là, je douille encore sévère.

Trois mois de sursis

Trois mois de sursis.

Alors, voilà, c’est tout ce que j’ai gagné.

J’ai bossé comme une folle les premières semaines de novembre, et puis depuis, plus rien.

Tant que je ne suis pas dans l’œil de mire du patron, je me terre dans mon bureau et je fais semblant de travailler. Ça ne sert à rien de se fouler pour un projet qui aura encore changé du tout au tout d’ici quinze jours.

Ça me laisse tout mon temps pour réfléchir – et finalement, c’est un peu déprimant.

Il me reste deux mois et demi ici.

Selon l’humeur du moment, c’est soit encore deux mois et demi à avoir envie de sauter par la fenêtre et de transformer Big-Boss en hot dog ; soit plus que deux mois et demi pour trouver un autre boulot.

En fait, non, c’est les deux en même temps. Je suis d’humeur schizophrène.

Je me revois quelques mois en arrière, abandonnée sur le marché du travail, toute petite au pied de la montagne, à me demander comment je vais bien pouvoir m’en sortir.

Rien n’a changé.

Si, j’exagère. La donne a changé un peu quand même.

Plutôt mourir que de redevenir à la charge de mes parents.

Surtout que pour eux pas de boulot, ça veut dire pas de nécessité de vivre à Paris, et donc pas la peine de payer le loyer de ma piaule.

Donc, retour à Melun – et ça, y a même pas moyen.

Bon, comme d’habitude, je tourne autour du pot alors que j’ai quelque chose de très précis à dire et une question à poser.

Je sens que je vais le regretter toute ma vie.

Je vous avais dit que d’ordinaire je ne parle que de ce que j’ai réussi ?

Que je n’évoque jamais les tentatives avortées, les échecs un peu honteux ?

Eh ben, cette note est à marquer d’une pierre blanche. Je vais faire un truc extraordinaire : je vais faire l’inverse.

Et tant qu’à faire les choses jusqu’au bout, je vais raconter tout ça sur Internet, comme ça, ça me fera une thérapie de choc.

Comme dirait l’autre, si ça me tue pas, ça me rendra plus forte.

Voilà.

Je voudrais bosser en librairie.

Il y en a une en particulier qui m’intéresse. Une grosse librairie du VI° arrondissement, que je ne nommerais pas ici, évidemment.

J’ai rédigé une belle lettre de motivation. Je l’avais mise dans l’enveloppe, pris ma plus belle plume pour rédiger l’adresse, choisi un timbre qui veuille dire « Je vous aime, épousez-moi », sans sous-entendre « Je suis aux abois », quand mon téléphone a sonné.

C’était ma Môman, qui voulait m’avertir qu’elle connaît très bien quelqu’un qui connaît très bien quelqu’un qui a un poste important dans cette boîte.

Ah.

En résumé, elle veut essayer de me filer un coup de piston.

Et, ça paraîtra étrange à certains et parfaitement logique à d’autres, ça me pose un problème.

Oui, ça me pose un problème à cause du regard des autres. Dans l’imaginaire commun, qui dit « piston » dit « incapacité chronique ».

Je sais bien qu’il y a des milieux professionnels qui fonctionnent entièrement comme ça. Pour n’en citer qu’un et complètement au hasard, celui de l’édition, par exemple, auquel j’ai donné mes plus belles années.

Enfin, celui de l’édition en particulier, et celui de la culture en général.

Pas de bol, il me semble que la librairie, ça a quand même quelque chose à voir avec la culture.

Je me fais engueuler par mon entourage.

Il y a les grandes théories de mon père sur la différence entre le piston et les relations. Pour lui, le pistonné, c’est le neveu profondément incompétent qui aurait été totalement incapable de trouver quelque chose tout seul.

Pour mon père bien entendu, il va de soit que je ne fais pas partie de cette catégorie.

Ça serait évident aussi pour moi, ça serait parfait.

Il y a Pierre qui m’explique qu’il ne voit vraiment pas le problème dans le fait d’être pistonnée, puisque je n’ai rien à prouver.

Rien à prouver ? Ben, justement, c’est là que le bât blesse.

Le piston me pose un problème parce que j’ai passé les six dernières années de ma vie a essayer de prouver à mes parents que je peux être – que dis-je, que je suis – une adulte responsable et indépendante.

Quand j’ai reçu ma première paie, que j’ai payé mon premier loyer, mon premier contrat d’assurance, ma première facture d’électricité, de téléphone, etc[1], j’ai pas mangé pendant deux semaines, mais j’étais pas loin du septième ciel.

Je ne veux pas dépendre d’eux. Je ne veux pas leur devoir quoi que ce soit. Je ne veux pas, tout simplement parce que sinon, je ne serais jamais capable d’assumer mes choix de vie vis-à-vis d’eux.

Pour habiter avec mon copain hors mariage (pareil, un exemple au hasard), faut encore que je m’accorde la licence morale de le faire. Pour m’accorder cette licence, faut que je sois parfaitement indépendante.

Il faut que si je me plante, je ne puisse m’en prendre qu’à moi.

Il faut que si je me plante, je sois capable de me relever toute seule.

Le piston me pose un problème à cause de quelque chose que je n’ai pas avoué[2].

Je ne vous ai jamais raconté comment ça s’est passé quand je suis arrivée dans la boîte dans laquelle je suis en ce moment ?

Je venais de finir mon dernier stage. Mes parents, stoïques, cachaient leur angoisse. Fillotte débarquait sur le marché du travail, avec seulement un bac +5. Dur.

Autant dire que je n’avais pas du tout la pression.

Un jour, mon père déjeune avec l’un de ses fournisseurs, lequel commence à lui parler de sa fille qui n’en fiche pas une dans ses études, parce qu’elle sait pertinemment que chez elle, le fric, ça pousse sur un arbre, planqué quelque part dans un placard.

Quand les gens commencent à parler de leurs enfants et de tous les problèmes que ça entraîne, mon père, en règle générale, regarde ses pieds. Il regarde ses pieds tout simplement parce que lui, ses gosses, il en est super fier.

Quand quelqu’un te dit que son aîné vient de louper son BEP et le second sa troisième tentative de suicide, c’est pas vraiment facile de lui répondre, que non, moi, ça va, mon aînée a tant d’années d’avance, le second termine Polytechnique[3], etc.

Forcément, ce jour-là, il a sauté sur l’occasion. Il a expliqué que j’avais fini mes études, que j’étais au chômage (depuis trois jours, au moins), et qu’il s’inquiétait beaucoup.

Dans l’œil du fournisseur, une lumière s’allume. Il laisse son numéro de portable pour que je le rappelle, il a une correction de brochure à me proposer.

Évidemment, vu de l’extérieur, ce qu’on comprend, c’est que le fournisseur, malin, a trouvé le moyen de séduire l’un de ses clients.

Mais je le connais, moi, le bonhomme (oui, pour ceux qui ne l’ont pas reconnu, c’est Big-Boss). Il avait vraiment une brochure à corriger, et il s’est dit qu’il pourrait me la filer.

Ensuite, c’est allé très vite.

En sortant du restaurant, mon père m’a téléphoné.

J’ai rappelé Big-Boss avant même qu’il n’arrive à sa voiture.

Il m’a fixé rendez-vous dans l’après-midi.

J’arrive toute pimpante. Il me pose plein de questions qui n’ont aucun sens. Sur le coup je trouve ça rigolo. Si j’avais su, tiens.

À l’instant T, il m’interroge sur ce que j’aimerais que les gens disent de moi. J’ai répondu : « Que je suis efficace. »

Son œil droit s’est mis à briller (oui, ce mec a le regard expressif), et il a créé un poste pour moi.

Oui, ce mec est un impulsif.

Ce qui est allé moins vite, ça a été le temps qu’ont mis les gens de l’entreprise pour se souvenir de mon prénom plutôt que de mon nom de famille.

Voilà.

Mon premier boulot, c’était du piston – ou non, ça dépend des définitions, on va pas entrer dans le débat. Le second, j’aimerais vraiment bien le trouver moi-même.

Le piston me pose un problème aussi parce que si je me plante en envoyant une candidature spontanée, je ne peux m’en prendre qu’à moi. Je sais que j’ai fait de mon mieux, que mon profil ne correspond pas. Et puis si j’ai merdé, c’est de ma faute. Je garde ça pour moi, j’en tire les conclusions qui s’imposent, et je passe à la suite.

Mais là, si ça marche pas ? Comment je saurais, moi, que ce n’est pas parce que ma mère a dit ce qu’il ne fallait pas au mauvais moment ?

Comment je sais si, finalement, ça ne serait pas beaucoup mieux passé en candidature spontanée ?

Ce qui m’inquiète, ce sont les intermédiaires. Ce sont des gens bien, hein, mais j’ai toujours eu l’intime conviction qu’ils avaient une très mauvaise image de moi.

Tant que ce ne sont que des amis des parents, ce n’est pas grave. Quand ils deviennent des amis de l’employeur potentiel, c’est plus gênant.

Voilà. Je viens de gratter trente-deux pages pour exprimer mes réticences.

De l’autre côté de la balance, les arguments sont moins longs, mais j’ai peur qu’ils pèsent plus lourd.

Les Trente Glorieuses, c’est fini ma petite LBA. Il est temps de mettre son ego dans sa poche, avec son mouchoir dessus.

Sur cent CVs envoyés en candidature spontanée, quatre-vingt-dix-sept tombent amoureux de la corbeille à papier avant même d’être sortis de l’enveloppe.


[1]             Cette liste n’est pas exhaustive.

[2]           D’ailleurs, c’est marrant, depuis la note sur les vingt choses inavouables, j’ai trouvé plein d’autres trucs dont je ne parle jamais.

              Je vous ai fait une note plutôt soft en fait.

[3]             Cette liste n’est pas exhaustive non plus.