Les grandes questions

Matin parfait aujourd’hui : en arrivant une collègue m’a demandé si j’étais malade. Non, j’ai répondu, tout va bien pourquoi ? Ah, bon, c’est juste que t’as une sale tête. Dans les dents, et bonne semaine. J’ai fait une drôle de tronche je pense, parce qu’elle s’est excusée tout de suite (mais non, mais c’est pas ce que je voulais dire, c’est ma fourche qui a langué). Le mal était fait : je ne croirais plus jamais aux miracles du maquillage.

Pourquoi est-ce que certaines personnes restent célibataires, galèrent pour se maquer et même juste pour s’envoyer en l’air, et d’autres non ?

Il y en a qui finissent sur yahoo rencontres et d’autres qui voudraient bien, quelques mois, juste quelques mois, rester seul(e)s. J’exagère pas. Après ma rupture, je me suis dit : allez, ça fait presque dix ans que je n’ai pas été célibataire, on va se faire deux ans de vacances. Si je bouffe tous les garçons avec lesquels je sors, y a forcément une raison, et ce serait bien que j’y pense un peu histoire d’éviter de détruire – encore – le suivant. Donc, c’était décidé, dit, déclaré, assumé, brandi : à l’ordre du jour, que des grandes histoires d’amour qui se terminent à 6 heures du matin.

Passons le fait que j’aie emballé mon collègue (l’histoire était bien finie à 6 heures du matin, ça a juste été un peu difficile de le prévenir – ce qui amène un autre problème : pourquoi les mecs sont romantiques quand on veut juste s’envoyer en l’air ?) Passons aussi les autres histoires d’un soir.

L’autre jour, j’ai rencontré quelqu’un et je me suis dit ok, ce soir, c’est celui-là. Je ne me suis même pas posé la question de savoir ce que lui voulait.

Je le voulais je l’ai eu : romantisme, zéro. Ça aurait dû en rester là. Je ne sais pas très bien ce qui s’est passé. Le matin, il est parti sans dire au revoir, j’ai eu un peu mal à l’ego, j’ai envoyé un mail. J’ai fait semblant de pas guetter la réponse, j’avais quinze ans à nouveau. Réponse.

Soyons bien clairs : à ce moment-là, je ne pensais pas un seul instant outrepasser mon programme. Seulement, je suis une fille, j’ai un ego surdimensionné, et je me disais que l’avoir une fois c’était facile, deux fois, c’était pas gagné. La soirée m’avait plu et je voulais retenter.

On s’est revus et on a passé une super soirée. C’était la première fois qu’un mec ne disait pas amen à chaque fois que j’ouvrais la bouche. La première fois qu’on m’envoyait bouler.

Ce soir-là avant de dormir, j’ai dit que je voulais un verre de lait (je suis chiante, je sais). Il m’a regardé avec les yeux en dehors des orbites, genre, comment peut-on avoir des idées pareilles à une heure pareille, et il m’a dit : Va mourir. Et il s’est endormi en me serrant dans ses bras.

Mon ex, je demandais un verre de grenadine à 3 heures du mat, il se levait, il s’habillait, il sortait, il se démerdait et il revenait avec de la grenadine. Quand il revenait, trois fois sur quatre je pionçais.

Je suis toujours sortie avec des mecs monstrueusement gentils – et avec un mec monstrueux tout court. Plus ils sont gentils et plus je suis chiante. Comme un mouflard qui cherche les limites. T’emmerdes ton monde, tout ce que tu veux, c’est qu’on te dise non. Un type qui ne résiste pas, c’est un type qu’on ne respecte pas. J’ai dû avoir le malheur de dire ça quelque part dans la conversation, et c’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd.

Voilà, on devait coucher ensemble, et on se retrouve à faire des cinés, des bars avec ses potes, et je passe des moments géniaux. Forcément, après deux soirées au bar et un ciné, après avoir fait la vaisselle avec son coloc et s’être battus pour savoir qui passerait le premier dans la salle de bain, la relation est moins claire que quand on avait défini la règle du jeu comme ça : 6 heures du mat, merci, au revoir.

On a discuté un peu (parce qu’on parle en plus). On couche ensemble ou on est ensemble j’ai demandé ? Il a répondu : entre les deux. Excellente réponse.

Je vais pas me poser de questions. Je vais vivre ce que j’ai à vivre, et surtout rien dire à mes potes. J’ai une énorme étiquette collée sur le front : incapable d’être célibataire. J’explique depuis un mois que je ne veux plus voir un mec chez moi entre 6 et 22 heures, que je suis incapable de partager quoi que ce soit avec qui que ce soit, que dans la vie y a que la bière et les amis. Je peux pas leur dire, c’est inassumable.

Euh, Aurélie, Barbara, les filles, si vous tombez là-dessus, ça reste entre nous, merci.

Bref, tout va bien, mais ça répond pas à ma question. Pourquoi des gens rament pour se caser et des gens rament pour être célibataires ?

Le jour où je comprendrais comment je fais pour rendre accros (je parle pas de lui là, je pense pas qu’il le soit, je dis juste que ça m’est arrivé souvent) des mecs qu’ont rien demandés, des mecs pas spécialement motivés, j’aurais tout compris.

Je pourrais me présenter à la présidence. On va tenter quelques éléments de réponse. Ils valent ce qu’ils valent, sont juste le fruit de ma propre étude anthropologique, et je suis ouverte à toutes les remarques.

  • Plus on est chiante et mieux c’est. Ne me demandez pas pourquoi, c’est comme ça depuis le lycée, c’est les chieuses de compétition qui se casaient les premières.
  • Avoir l’air bien dans ses baskets, ça aide ? Avec un gros point d’interrogation. Je sais que quand on s’est vus la première fois (pas facile de parler de quelqu’un sans donner de prénom), j’avais pas l’air bien dans mes baskets. J’avais même l’air monstrueusement stressée. Il m’a dit plus tard qu’il n’avait jamais vu quelqu’un avec un bordel pareil dans le cerveau, et que c’était pas très motivant (merci pour le compliment). C’est peut-être pas être bien dans sa tête qui compte alors, mais simplement prendre de la place. Plus on prend de la place, plus on se fait remarquer, c’est mathématique.

Et voilà. J’en suis là de mes réflexions. Comme chacun peut le noter, elles ne sont pas très avancées. Dix ans d’expérience, et deux embryons de supposition. Remarque, j’ai encore tout le temps de me planter en amour, et d’étoffer mon dossier.

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