Un peu (beaucoup) de quotidien. Désolée.

Si vous vous interrogez, que vous vous dîtes : « Mais qu’est-ce qu’il ne faut pas faire quand on veut garder un mec ? », surtout, vous me demandez.

Je suis en train de passer pro. Je devrais peut-être créer une rubrique.

Alors un petit conseil : quand vous le retrouvez pour une nuit, entre une semaine de travail et une autre pire, ne passez pas la soirée à pleurer dans ses bras.

Encore moins à pleurer à cause de lui. Et encore moins parce qu’il vous plaît, que vous vous sentez dépassée par les évènements ; et parce que quoi qu’il dise, vous ne savez pas pourquoi, mais vous le sentez, ce ne sera jamais la bonne réponse, et vous pleurerez de toute façon.

C’est un mec, explique ELLE, il est physiologiquement incapable de donner la bonne réponse. Et pourtant, il essaie. Si, si, vous voyez bien : il transpire. Il n’est pas du tout en train de flipper.

Petit récit en images (nan, je rigole, y aura pas d’images. Peut-être en fin de note, si vous êtes sages).

Je l’ai rejoint chez lui hier soir. J’avais hâte de le retrouver, et j’avais cette petite pointe d’appréhension que j’ai toujours aimée dans notre relation.

D’ordinaire, on se retrouve, on fait semblant de ne pas s’être manqués, et en cinq minutes, c’est reparti comme en quarante.

Mais hier, j’étais malade. J’étais fatiguée. J’étais angoissée. Je me trouvais moche, je me trouvais con, et je m’étais pas pardonnée mon exploit de l’autre jour[1]. On en avait pas vraiment reparlé et d’un coup, d’un seul, un peu à la tsunami, j’ai eu horriblement peur qu’il ne m’aime plus.

Ou plutôt, j’ai eu peur qu’il s’aperçoive enfin que je n’ai aucun intérêt et qu’il n’a rien à faire avec moi.

C’est peut-être ridicule, mais c’est pas facile d’expliquer ça à un mec qu’on a horriblement peur d’étouffer, surtout quand lui n’aborde pas le sujet, déjà parce qu’objectivement vous faites la gueule, mais qu’en plus lui aussi, s’il vous parle de choses trop sérieuses, il a peur de vous faire fuir.

C’est fou comme si on cherche bien, il y a une foule de petites choses du quotidien, une foule de petites choses à la con sur lesquelles on peut s’écharper.

T’es obligée de monter si lentement les escaliers ?

Tu sais bien comment ça marche un micro-ondes, non ?

T’en mets un temps, à préparer le repas.

J’ai plus faim. En plus tu mets du pesto partout.

C’est malin maintenant on a loupé Kaamelott.

J’aurais au moins appris ça : quand on stresse, on est mesquin.

Chaque phrase, chaque geste m’agresse. Chaque phrase, chaque geste l’agresse. Il est aussi claqué que moi. Pas de bol.

Commence alors un moment d’intense frustration. On voudrait être dans ses bras, lui dire plein de choses gentilles, voire, soyons fous, faire l’amour. Ben, oui. Comme quand on est amoureux, quoi.

Ça me fait mal de l’avouer, mais il y a un moment où il faut regarder les choses en face.

Vous voudriez un moment d’intense communion, et tout ce que vous arrivez à faire, c’est l’envoyer bouler. Lui, pour, une fois, il vous facilite pas la tâche.

Personne n’a envie de s’engueuler, et on arrive pas à faire autrement. À chaque fois qu’on veut mettre les choses à plat, ça loupe pas, y en a un qui se fait mordre.

Je suis une fille à la capacité de tolérance limitée. Au bout d’une heure et demie, je pleurais comme un bébé. J’ai mis un bon quart d’heure à me calmer.

On a recommencé à se voler doucement dans les plumes, le tout émaillé d’un certain nombre de délicates intentions (ben oui, on est tous les deux en train d’essayer de rattraper le coup, quand même). On amorce une conversation, il commence une phrase, la ravale, et finit par la terminer, parce que je le force.

  • Mais non, je peux rien te dire, tu vas encore te mettre à chialer.

Argh. Coup bas. Le pire, c’est d’être d’accord avec lui. Je me mords les lèvres. Y a même pas moyen que je me mette à pleurer maintenant. Je me sens héroïque.

Il a raison le salaud. Je pleure parce que je me sens impuissante, parce que je l’aime (voilà, c’est dit), parce que je me déteste, parce que je voudrais être là pour lui, et qu’à la place, je lui gâche consciencieusement sa soirée.

Je pleure parce que je l’aime, que je voudrais être là pour lui sans le bouffer, et que franchement, je ne sais pas comment on fait.

Je pleure comme je bois, parce que je panique.

On arrive à aller se coucher sans casse. Beaucoup de bonne volonté dans les deux camps, je vous prie de le croire.

Je n’en peux plus, j’ai l’impression que je vais mourir de fatigue. J’ai froid. Tout mon corps me fait mal. Il allume la lampe de chevet, met un disque et sort une BD. Je le regarde avec les yeux de Jeanne d’Arc pour son bourreau (Tu vas pas faire ça ??), et il m’explique qu’il y a à peine cinquante pages, et qu’il aura forcément terminé avant minuit et demi.

Allons bon. Il a l’intention de la lire jusqu’au bout.

Je pèse les arguments en présence. Il est chez lui, s’il a envie de se coucher en douceur, c’est son droit le plus strict. J’ai décidé de ne pas l’étouffer, je ravale mon caprice.

Bon d’accord, il aurait pu éviter de me demander d’arrêter de bouger, parce que ça le freinait dans sa lecture. Il aurait pu.

À peine la lumière éteinte, j’ai senti que je ne pourrais plus me retenir et j’ai recommencé.

J’ai l’impression d’avoir pleuré des heures, de lui avoir parlé entre mes sanglots. Il est resté silencieux, à m’écouter, à me serrer dans ses bras.

  • Je ne te fais pas flipper, là ? j’ai fini par lui demander entre deux reniflements.

Il m’a répondu :

  • Non.
  • Non ?
  • Non, parce que les règles du jeu n’ont pas changé.
  • Quelles règles du jeu ?
  • Soit j’ai rien compris, soit tu me dis que tu es prête à passer à une autre phase de la relation. Mais que dès qu’il y en a un de nous deux qui en a marre, on arrête. C’est pas ce que t’as dit ?

Silence.

  • Euh, non. C’est pas ce que j’ai dit. Mais en gros, t’as l’idée. C’est à peu près ça.

Ce que j’ai dit, c’est que je l’aimais, que je ne me sentais pas à la hauteur, et que je ne voulais surtout pas qu’on se force. Qu’il fallait qu’on arrête si on y croyait plus.

Mais bon. Il paraît que les hommes viennent de Mars. Et il m’a écouté parler pendant une demi-heure en reniflant (c’est moi qui reniflait, pas lui, tout le monde avait compris).

Je suis sûre que ELLE dirait que c’est bon signe.

Moi, ce qui m’a fait me sentir mieux, c’est mon homme qui a profité d’une pause entre deux larmes pour me dire :

Tu sais ce dont j’ai envie là tout de suite maintenant ? J’ai envie de toi.

Il a une façon de dire ça, il a une façon de faire ça, ça vaut toutes les déclarations d’amour de la terre.

Bon. Merci à ceux qui ont eu le courage et l’abnégation de lire jusqu’ici tous mes états d’âme.

C’est une note drôlement intimiste que je viens de vous pondre là. Je me demande si je vais pas la zapper très vite.

Ça n’a absolument rien à voir, mais si ça se trouve, j’ai réussi l’exploit d’éliminer toutes les fautes de frappe, alors faut que je vous le dise, pour que vous voyez ce que ça m’a coûté de poster cette note : mon clavier fait des « l » partout, sauf qu’en j’en ai besoin, évidemment.

Chaque « l » est un copier-coller, et chaque caractère est une victoire de LBA contre la machine. L’informatique, c’est comme mes voisins, elle me déteste.

Et encore, je m’estime heureuse, la semaine dernière, ça merdait aussi avec les points virgule. Faut dire que je me sers moins des points virgule.

Temps moyen de rédaction d’un commentaire : un quart d’heure. Ce qui explique que je ne sois pas trop passée chez vous ce soir. Je me rattraperai demain. Sur les horaires de boulot.


[1]             Note intitulée Comment être une grosse conne en dix leçons, du 12 septembre 2005.

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