La vie est pleine de surprises.
Résumons. Je suis même-pas-au-chômage depuis à peine deux semaines. J’entretiens mes contacts par ci par là, je surveille Untel que je sens prêt à lâcher, à démissionner, je fais le tour des librairies parisiennes pour voir auxquelles je pourrais envoyer des CVs. Si si, j’ai fait ça. Arrondissement par arrondissement. Enfin, j’ai eu le temps de faire le XII, le V et une bonne partie du VI.
Je n’ai même pas eu le temps d’envoyer les CVs, même pas eu le temps de gratter une lettre de motivation, même pas le temps d’en penser une.
Je me suis retrouvée complètement par hasard cet aprèm’ dans le bureau d’un type de la génération de mon père, un chef d’entreprise. En l’occurrence, rien à voir avec ce qui m’intéresse, sa boîte, c’est une SSII. Mais bon, on avait des connaissances communes, je commence à bien maîtriser l’art du piston, et il avait dit qu’il aurait peut-être quelque chose pour moi, alors…
Alors j’ai pas compris ce qui m’est arrivé. Il m’a parlé de la vie de l’entreprise comme un bateau, et m’a demandé quelle sorte de marin je suis.
Il a dû adorer ma réponse. J’ai passé l’aprèm’ à bosser là-bas, il faut que j’y retourne demain et tous les jours suivants.
…Et je cherche quand un vrai taf moi ? La nuit ? J’ai passé l’aprèm’ à essayer de travailler sur (pardon, à essayer de comprendre) un truc d’informatique.
Je suis une littéraire. Mon trip, c’est l’édition. Tu me parles lignes de codes ou chinois, je comprends exactement la même chose. J’ai cru que j’allais mourir.
Malheureusement, non. je ne sais pas ce qui s’est passé. Il m’a dit négligemment « On parlera finances demain », et j’ai dit oui. Je ne sais même pas s’il veut me prendre en stage, en CDD en CDI, à mi-temps ou en levrette. Je ne sais même pas exactement dans quoi je m’embarque.
Mais je sais que je suis tombée sur quelques annonces intéressantes cette semaine, que je n’aurais pas le temps d’y répondre avant ce week-end, le temps que le bureau du recruteur disparaisse sous les CVs de tous les 20-25 ans de la région parisienne. Je sais que je m’étais engagée à réserver des billets d’avion pour une dizaine de potes, et que je ne sais pas comment je vais faire en bossant tous les jours de 9h à 19h, comme ça, d’un coup, sans prévenir. Je déteste cette impression de les lâcher.
Au début de l’entretien, il m’a dit: « On termine souvent sa carrière dans le secteur dans laquelle on la commence. »
Merde.